« À nous deux Paris ! » est l'expression fétiche de Rastignac
Eugène de Rastignac est un jeune arriviste, froid et intrigant.
Il a le sens de la formule. Encore faut-il lui attribuer celle qui lui appartient.
Protagoniste de La Comédie humaine - cycle de romans d'Honoré de Balzac -, présent dans vingt-sept livres, il est étudiant en droit lors de sa première apparition, dans Le Père Goriot (1834).
Eugène de Rastignac avait un visage tout méridional, le teint blanc, des cheveux noirs, des yeux bleus. Sa tournure, ses manières, sa pose habituelle dénotaient le fils d'une famille noble, où l'éducation première n 'avait comporté que des traditions de bon goût.
À la fin du roman, après avoir enterré le père Goriot au Père-Lachaise, en fin d'après-midi, il s'affirme décidé à conquérir Paris.
Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du
cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine, où commençaient à briller les lumières. Ses yeux s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnant un regard qui semblait par avance en pomper le miel et dit ces mots grandioses : « A nous deux maintenant ! »
Et pour premier acte du défi qu 'il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez M"' de Nucingen.
Pauvre et idéaliste, Rastignac devient gigolo et rusé, pour finir ministre et mari d'Augusta, la propre fille de sa maîtresse.
Extrait de "C'est beau mais c'est faux" de Patrice LOUIS, © Arléa, février 2000